Comment les meilleures marques de beauté françaises collaborent-elles au sein de la Coalition Cosmétiques et Réemploi pour explorer un système de consigne pour les emballages cosmétiques, dans le but de réduire les déchets et d'innover dans un contexte réglementaire en évolution ?
Onze acteurs clés du marché français de la beauté - neuf marques (L’Oréal, Chanel, Pierre Fabre, Laboratoires SVR, Yves Rocher, Clarins, Melvita, La Rosée et Aroma Zone) et deux détaillants (Nocibé et Sephora) - ont uni leurs forces au sein d'un consortium pour explorer les opportunités et les défis de la mise en place d'un système de consigne pour les emballages de produits cosmétiques.
Initiée par la société de conseil et de formation en économie circulaire Circul'R, avec le soutien du cabinet de conseil en développement durable We Don't Need Roads (WDNR) et du fonds de réutilisation Citeo, la Coalition Cosmétiques et Réemploi vise à lancer un projet pilote de consigne en magasin pour les emballages de produits de soin d'ici la fin de 2024.
"Le modèle de consigne pour les cosmétiques reste largement inexploré en France, voire inexistant. Notre ambition est de le développer", a déclaré Jules Coignard, co-fondateur de Circul'R. Dans cette optique, la création d'une coalition permet de mutualiser les flux et de réaliser une réduction substantielle des coûts.
Selon Arnaud Lancelot, directeur de la réinvention chez WDNR et fondateur de Cozie, une marque de soins qu'il a vendue en mai 2023 après avoir été pionnier dans les solutions de recharge en magasin, "cette expérience permettra de partager des leçons précieuses avec les participants de la coalition, notamment sur des aspects tels que la sélection des produits et des emballages, la gestion efficace de la chaîne d'approvisionnement pour la collecte des bouteilles et les compétences techniques requises dans les processus de lavage et de traçabilité."
Un système de consigne axé sur les produits de soin
Dans un contexte de renforcement des contraintes réglementaires (la loi AGEC en France et le projet de règlement sur les emballages et les déchets d'emballages, prévu pour 2025 au niveau européen) et de changement des pratiques de consommation (88% des consommateurs français auraient déjà testé des pratiques de réutilisation, et 94% se disent prêts à passer à la réutilisation de leurs bouteilles de shampoing), l'industrie cosmétique est appelée à innover et à collaborer pour réduire sa production de déchets d'emballages.
Huit marques dermo-cosmétiques - Mustela (Laboratoires Expanscience), Garancia, La Rosée, Bioderma (NAOS), A-Derma, Ducray, Eluday et Klorane (Laboratoires Pierre Fabre) - ont testé depuis juin 2023 un système de recharge en magasin pour 15 produits d'hygiène, dont des gels douche, des shampoings ou de l'eau micellaire. Soutenu par (Re)Set, une agence de conseil spécialisée dans la transition économique et environnementale, le Consortium Pharma-Recharge demande aux consommateurs de laver eux-mêmes la bouteille en verre.
"L'ambition de la Coalition Cosmétiques et Réemploi est d'aller plus loin avec un système axé sur les produits de soin pour lesquels les exigences microbiologiques sont plus strictes", explique Arnaud Lancelot. Dans ce nouveau système, les emballages déjà utilisés seront collectés en magasin, puis envoyés dans un centre de lavage spécialisé avant d'être renvoyés à la marque, une fois entièrement lavés, pour être remplis en usine, comme s'il s'agissait d'emballages vierges. En magasin, ce système ne nécessitera pas l'installation d'un meuble dédié.
"Il y a des incertitudes dans le projet - notamment en ce qui concerne la résistance des différentes solutions d'emballage et décorations aux cycles de lavage. La création d'une coalition permet de mutualiser les risques et d'augmenter les volumes pour rendre l'opération de collecte et de lavage financièrement viable", poursuit Arnaud Lancelot. Les membres fondateurs invitent également d'autres marques qui pourraient être intéressées à rejoindre la coalition.
Dans un premier temps, les pots et bouteilles en verre et en PET seront privilégiés, ainsi que les produits les plus vendus, afin de générer un volume maximum. Les modalités concrètes du système de consigne n'ont pas encore été décidées, même si pour Arnaud Lancelot, "une consigne monétaire est évidemment un levier incitatif puissant."
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